samedi 16 août 2025

Le Coran encourage à innover dans les armes de défenses, pas dans ceux de destructions

Avez-vous remarqué que Dieu ﷻ dans le Coran n'encourage pas à innover dans les armes de destructions et de morts, mais encourage plutôt à innover dans la fabrication d'outils qui permettent de s'en prémunir❓️

Derrière cette Sagesse Divine il y a certainement matière à réflexion.


Illustration avec trois passages coraniques :

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jeudi 7 août 2025

La sourate 18 et le nombre énigmatique des compagnons de la caverne

Les compagnons de la Caverne de la sourate 18 est un des passages les plus étudiés du Coran par les islamologues[1]. Malgré tout, leur nombre demeure jusqu'à ce jour un mystère. Ce passage coranique qui se trouve du verset 9 au verset 26, fait référence aux sept dormants d'Éphèse dont la plus ancienne version qui nous soit parvenue est en syriaque et attribuée à Jacques de Saroug (mort en 521) dans ses homélies, écrits au début du VIe siècle.





Il s'agit de jeunes monothéistes chrétiens qui fuirent leur peuple pour ne pas être contraint de se convertir au paganisme/polythéisme. Leur sommeil dura miraculeusement 150 ans selon Jacques de Saroug, mais cette question de la durée faisait également l'objet de débats chez les chrétiens de l'Antiquité, puisque « les autres versions de l’histoire donnent des nombres d’années très variés, bien que la plupart rapportent une durée de plus de trois cent ans »[2]. Selon Reynolds, «  la difficulté de calculer la distance entre les règnes de Decius et de Théodose II a conduit à diverses estimations (principalement des surestimations) du temps que les jeunes ont passé dans la grotte », variant entre 350, 370 et 372 ans[3]. Le Coran, précise à ce sujet que leur sommeil dura 309 années (C.18 :25).


S'il y a de nombreux points communs entre ces deux textes (comme la persécution de ces jeunes croyants en un Dieu unique par les polythéistes de leur ville. Ceux-ci se refugient dans une grotte où il sont mis en sommeil par Dieu pendant des centaines d'années. Après leur réveil, ils furent reconnus par les descendants de ceux qui les persécutèrent, devenus entre temps des monothéistes, à cause de l'argent obsolète qu'ils voulurent utiliser pour acheter à manger), il existe toutefois des différences entre eux. Ainsi, des éléments racontés dans les homélies de Jacques de Saroug n'apparaissent pas dans le Coran (comme l'entrée de la grotte qui est murée puis démolie), de même que des éléments racontés dans le Coran sont absents des homélies de Jacques de Saroug. Comme dans le Coran 18:18 où Dieu retourne les compagnons pendant leur sommeil de leur coté gauche vers leur côté droit et inversement. Ou encore, toujours au même verset, où ils sont décrits comme paraissant éveillés alors qu'ils dormaient et étaient effrayants à voir au point qu'il est précisé que le Prophète lui-même aurait fuit s'il les avait vu dans cet état. Un dernier exemple, leur chien de compagnie (C.18 :22) est absent de ces homélies qui indiquent la présence d'un veilleur à la place. Toutefois, 

« le pèlerin Théodose – qui voyagea dans la région d'Éphèse en 530 – décrit Éphèse comme la ville des "sept frères endormis, et du chien Viricanus à leurs pieds" (Théodose 1893 : 16) »[4].

G. Dye pense que la version orale qui précède l'écrit comportait le chien à l'origine mais cet animal a été volontairement remplacé par un veilleur « pour des raisons dogmatiques évidentes (incompatibilité avec le dogme de la résurrection de la chair) »[5].


On remarque que le Coran évoque les différentes hypothèses sur le nombre des compagnons de la caverne (v.22) sans désigner lequel disait vrai, ou tout du moins pas directement. En même temps, il est indiqué au verset 25 le nombre d'années de leur sommeil sans préciser s'il y a eu des divergences chez les chrétiens à ce sujet. Il semble en fait que ceux qui sont venus interroger le Prophète Muhammad à la Mecque (la sourate est mecquoise) demandèrent le nombre d'années de sommeil de ces jeunes en informant le Prophète de la divergence des opinons à ce sujet chez eux sans jamais le questionner sur leur nombre. Pour prouver la véracité de la mission prophétique, et qu'il pouvait être au fait des débats qui secouait les chrétiens, fut révélé au préalable les trois hypothèses qui évoquent leur nombre sans toutefois y répondre directement puisque cela n'avait pas été demandé. Puis, fut révélé la réponse en ce qui concerne le nombre d'années de sommeil sans préciser les différentes hypothèses qui existaient à l'époque puisqu'ils avaient probablement été racontés par les interlocuteurs au Prophète Muhammad. Précisons que selon Ibn Ishaq, ces questions ont été suggérées par des rabins de la ville de Yathrib (Médine) à la demande des mecquois polythéistes qui cherchaient à confondre Muhammad.


Examinons maintenant les controverses autour de leur nombre.

Selon Reynolds, « en mentionnant qu'il y a eu des disputes concernant le nombre des dormants dans la caverne et le temps durant lequel ils étaient endormis, le Coran ne présente pas seulement une connaissance des débats présents dans le christianisme syriaque, mais il entre également en polémique avec eux (Reynolds, Biblical Subtext, p.185) »[6].

Pour ce qui est de leur nombre précis, Mortensen affirme que le Coran « ne résout jamais vraiment cette question, de sorte que nous ne saurons jamais le nombre exact des dormants de la caverne »[7].

Cette affirmation semble indiquer qu'à ce jour personne n'a pu déterminer par le Coran leur nombre de manière certaine, ce que nous confirmera l'islamologue Geneviève Gobillot[8].


On remarque que la plupart des exégètes se sont concentré sur le verset 22 pour essayer de déterminer leur nombre exact. Cependant, ce verset à lui seul ne permet pas de lever le doute. En fait, on a besoin en plus d'un deuxième verset pour le déterminer de manière à ce qu'il ne subsiste aucun doute. Revenons d'abord au verset 22 qui relate le débat à ce sujet : 


 سَيَقُولُونَ ثَلَاثَةٌ رَّابِعُهُمْ كَلْبُهُمْ وَيَقُولُونَ خَمْسَةٌ سَادِسُهُمْ كَلْبُهُمْ رَجْمًا بِالْغَيْبِ وَيَقُولُونَ سَبْعَةٌ وَثَامِنُهُمْ كَلْبُهُمْ قُل رَّبِّي أَعْلَمُ بِعِدَّتِهِم مَّا يَعْلَمُهُمْ إِلَّا قَلِيلٌ فَلَا تُمَارِ فِيهِمْ إِلَّا مِرَاءً ظَاهِرًا وَلَا تَسْتَفْتِ فِيهِم مِّنْهُمْ أَحَدًا 


C.18:22. "Ils diront : « ils étaient trois, le quatrième étant leur chien ». Et ils diront en conjecturant sur leur mystère qu’ils étaient cinq, le sixième étant leur chien et ils diront : « sept et le huitième étant leur chien ». Dis : « Mon Seigneur connaît mieux leur nombre. Il n’en est que peu qui le savent ». Ne discute à leur sujet que d’une façon apparente et ne consulte personne en ce qui les concerne." 


Les savants musulmans semblent en majorité pencher pour sept compagnons en se basant entre autres sur l'avis du compagnon Ibn ‘Abbâs, sans toutefois apporter une analyse du texte coranique. Quant à l'argument qui s'appuie sur le verset 22 et qui semble faire le plus de consensus parmi les exégètes (information tirée de Geneviève Gobillot), il s'agit de la remarque de Muqâtil Ibn Sulaymân selon lequel le terme « et » (« wa ») a été rajouté dans ce verset entre les sept compagnons et le chien, contrairement aux deux autres hypothèses du verset où le « wa » est absent. C'est dire à quel point la thèse des sept compagnons semble manquer de solidité.

De toute évidence, ce verset laisse volontairement planer le doute. En effet, ce passage coranique relate les différentes hypothèses de l'époque sans donner une réponse claire. Ils étaient soit trois, cinq ou sept personnes. On peut au plus classer ces hypothèses de la plus faible à la plus forte. Il faut donc chercher des indices, si ce n'est des preuves, ailleurs. 


Venons-en à l'autre verset en tenant un raisonnement très simple basé sur la grammaire arabe. Il s'agit du verset 19 : 


وَكَذَلِكَ بَعَثْنَاهُمْ لِيَتَسَاءَلُوا بَيْنَهُمْ قَالَ قَائِلٌ مِّنْهُمْ كَمْ لَبِثْتُمْ قَالُوا لَبِثْنَا يَوْمًا أَوْ بَعْضَ يَوْمٍ قَالُوا رَبُّكُمْ أَعْلَمُ بِمَا لَبِثْتُمْ فَابْعَثُوا أَحَدَكُم بِوَرِقِكُمْ هَذِهِ إِلَى الْمَدِينَةِ فَلْيَنظُرْ أَيُّهَا أَزْكَى طَعَامًا فَلْيَأْتِكُم بِرِزْقٍ مِّنْهُ وَلْيَتَلَطَّفْ وَلَا يُشْعِرَنَّ بِكُمْ أَحَدًا 

 

C.18 :19. "Et c’est ainsi que Nous les ressuscitâmes, afin qu’ils s’interrogent entre eux. L’un parmi eux dit : « Combien de temps avez-vous demeuré là ? » Ils dirent (قَالُوا "Qālū") : « Nous avons demeuré un jour ou une partie d’un jour ». Ils [les autres] dirent (قَالُوا "Qālū") : « Votre Seigneur (رَبُّكُمْ  "Rabbukum") sait mieux combien [de temps] vous y avez demeuré (لَبِثْتُمْ  "Labithtum"). Envoyez donc l’un de vous à la ville avec votre argent (بِوَرِقِكُمْ "Biwariqikum") que voici, pour qu’il voie quel aliment est le plus pur et qu’il vous en apporte de quoi vous nourrir. Qu’il agisse avec tact ; et qu’il ne donne l’éveil à personne sur vous." 


Ainsi, l'un d'entre eux demanda combien de temps ils étaient restés ainsi à dormir. Ils dirent (قَالُوا  « Qālū ») qu'ils sont restés ainsi un jour ou une partie d'un jour. Le mot قَالُوا , « Qālū », étant utilisé, cela montre qu'ils étaient minimum trois à répondre à la question d'une seule personne, car s'ils n'étaient que deux, le Coran aurait utilisé le duel قالا  « Qālā ». À ce stade, ils sont au minimum quatre compagnons de la caverne. La première hypothèse mentionnée au verset 22, selon laquelle ils étaient trois, est donc à exclure. 


Ce à quoi ils dirent (قَالُوا  « Qālū ») que « votre Dieu sait mieux combien de temps vous y avez demeuré [...] ». Le verbe "dire" conjugué au pluriel قَالُوا  « Qālū » montre également qu'ils étaient au minimum trois à répondre à au moins trois autres qui avaient supposé avoir dormi un jour ou une partie d'un jour. Car s'ils avaient été seulement deux à répondre, le Coran aurait aussi utilisé le duel قالا  « Qālā ». 

Ceci est confirmé par l'utilisation du terme لَبِثْتُمْ  « Labithtum » (« vous y avez demeuré ») qui indique que le groupe de ceux qui pensaient avoir dormi un jour ou une partie d'un jour était d'au moins trois personnes, car s'ils n'étaient que deux, le Coran aurait utilisé là aussi le duel  لَبِثْتُما  « Labithtumā ». Même remarque pour ْ بِوَرِقِكُمْ « Biwariqikum » (« votre argent ») et رَبُّكُمْ  « Rabbukum » (« votre Seigneur ») qui sont au pluriel et non au duel. 


Ainsi, nous avons au minimum trois personnes d'un coté, et trois autres personnes au minimum de l'autre. Soit au moins six compagnons de la Caverne. La deuxième hypothèse mentionnée dans le verset 22 qui dit qu'ils étaient cinq personnes dans la Caverne est donc aussi à exclure. Il ne reste donc que la dernière hypothèse, celle qui affirme qu'ils étaient sept.

On sait maintenant que l'avis qui affirmait qu'ils étaient sept était la bonne pour le Coran mais que cet avis était minoritaire à l'époque du Prophète Muhammad (car le verset 22 dit « Il n’en est que peu qui le savent »). Finalement, le Coran prend pleinement part au débat en donnant de manière indirecte leur nombre : il y avait deux groupes dont l'un était composé de trois personnes, et l'autre de quatre personnes. 


Ajoutons que le Coran est précis, c'est pourquoi il utilise bien le duel quand cela est nécessaire. On peut citer pour illustrer notre propos trois versets où deux personnages coraniques y sont cités en utilisant le verbe « dire » conjugué au duel « Qālā » :

- C.7 :23 au sujet d'Adam et de son épouse 

- C.20 :45 pour Moïse et Aaron 

- C.27 :45 pour David et Salomon.

 

Il y a un dernier élément qui est important à mentionner. Selon Reynolds, « Dans le mēmrā de Jacques et l’Histoire Ecclésiastique de Jean d’Éphèse, ils sont au nombre de huit, mais dans l’Histoire Ecclésiastique de Zacharie de Mitylène, et dans la plupart des textes ultérieurs, ils sont sept »[9].

On remarque que les nombres de trois et cinq compagnons mentionnés dans le Coran ne semblent pas avoir de correspondance dans les sources syriaques, grecques ou latines. Tandis que le nombre de huit, attesté dans le Mēmrā de Jacques et l’Histoire ecclésiastique de Jean d’Éphèse, ne figure pas dans le Coran. Le seul nombre commun aux traditions coraniques et aux écrits chrétiens est celui de sept compagnons. Est-ce un hasard ?

En fait, le Coran semble avoir délibérément exclu l’hypothèse des huit compagnons, sûrement parce qu’à l’époque de Muhammad, cette version n’était plus en vigueur. Quoi qu’il en soit, le fait que le Coran n’ait pas évoqué cette hypothèse à cette époque indique que, dans l’esprit de vérité qui anime la révélation, celle-ci ne pouvait pas être la bonne.


Notes et références :

[1] Le Coran des historiens, p.702


[2] Stewart, Qu’ran Seminar, DE GRUYTER, 2017, p.218


[3] Gabriel Said Reynolds, The Qur’an and Its Biblical Subtext, Routledge édition , 2019, p.185


[4]  Reynolds, Quran Seminar, p.217


[5] Dye, Quran Seminar, p.216


[6] Mette Bjerregaard Mortensen, Le Coran des historiens, Les éditions du Cerf, 2019, tome 2a, p. 706


[7] Le Coran des historiens, p. 701


[8] Les savants musulmans anciens n'avaient pas remarqué la subtilité cachée qui permet de trouver leur nombre réel. Toutefois, il s'avère finalement que le chercheur indépendant Ahmed Amine a trouvé une vidéo récente, qui date de près d'un an avant cet article (ce dernier fut terminé en mars 2025 mais pas publié) d'un musulman qui étudit les sciences religieuses où celui-ci expose la même méthode que celle de cet article pour déterminer le nombre de compagons : https://youtu.be/CXrDozFaPoc?si=XeF3ALheEHdRp0mM

Reste la satisfaction personnelle d'avoir compris le raisonnement coranique sans aucune aide, ce qui est déjà beaucoup. L'utilité de cette publication demeure, puisqu'elle permet de vulgariser une connaissance nouvelle.


[9] Gabriel Said Reynolds, The Qur’an and Its Biblical Subtext, Routledge édition , 2019, p.185


jeudi 31 juillet 2025

Le terme coranique "Khalidin" (خَالِدِينَ), "éternellement" : sens propre ou figuré ❓️

La durée de l'éternité pour les habitants de l'Enfer est un sujet qui a été débattu parmi les savants musulmans : y demeureront-ils vraiment pour l'infini, ou le terme "Khalidin" doit-il être compris de manière figurée ? Bien que le Coran semble indiquer une éternité explicite et que la majorité des exégètes l'interprètent comme une éternité dans le sens premier du terme (1), certains versets apportent des nuances intéressantes.


En particulier, le verset 107 de la Sourate 11, Hud, mentionne que les damnés resteront en Enfer "tant que dureront les cieux et la terre". Or, sachant que les astres ne sont pas éternels, cela pourrait suggérer une durée déterminée.

Pour appuyer cette interprétation, on peut se référer à l'exégèse de Tabari, qui éclaire cette question en s'appuyant sur des paroles d'un compagnon du Prophète et d'un célèbre savant musulman, un tabi'î (التابعي). Voici les versets concernés :


Sourate Hud (11:106-108) :


فَأَمَّا الَّذِينَ شَقُوا فَفِي النَّارِ لَهُمْ فِيهَا زَفِيرٌ وَشَهِيقٌ (C.11:106)

خَالِدِينَ فِيهَا مَا دَامَتِ السَّمَاوَاتُ وَالْأَرْضُ إِلَّا مَا شَاءَ رَبُّكَ إِنَّ رَبَّكَ فَعَّالٌ لِّمَا يُرِيدُ (11:107)

وَأَمَّا الَّذِينَ سُعِدُوا فَفِي الْجَنَّةِ خَالِدِينَ فِيهَا مَا دَامَتِ السَّمَاوَاتُ وَالْأَرْضُ إِلَّا مَا شَاءَ رَبُّكَ عَطَاءً غَيْرَ مَجْذُوذٍ (11:108)

11:106 : Ceux qui sont damnés seront dans le Feu, où ils auront des soupirs et des sanglots.

11:107 : Pour y demeurer éternellement, tant que dureront les cieux et la terre, sauf si ton Seigneur en décide autrement. Ton Seigneur fait ce qu’Il veut.

11:108 : Quant à ceux qui sont bienheureux, ils seront au Paradis, pour y demeurer éternellement, tant que dureront les cieux et la terre, sauf si ton Seigneur en décide autrement. C’est là un don qui n’est jamais interrompu.


L’exégèse de Tabari (2) :


L'exégète Tabari, dans son commentaire du verset 107, rapporte les propos d'Ibn Masoud :

وقال ابن مسعود: لـيأتـينّ علـى جهنـم زمان تـخفق أبوابها لـيس فـيها أحد، وذلك بعد ما يـلبثون فـيها أحقابـاً.

"Un temps viendra pour l'Enfer où ses portes s'ouvriront, et il n'y restera plus personne. Cela arrivera après qu'ils y auront demeuré pendant des siècles (ahqaba)."


De même, Al-Sha’abi ajoute :

 عن الشعبـي، قال: جهنـم أسرع الدارين عمراناً وأسرعهما خرابـاً.  

"L’Enfer est la demeure qui se construit le plus rapidement, mais aussi celle qui se vide le plus rapidement."


Ces propos suggèrent qu’après une période déterminée par Dieu, l’Enfer pourrait cesser de contenir des malheureux, ce qui contredit l'idée d'une éternité au sens strict pour les damnés.


Qu'en est-il du Paradis ?


À l’inverse, pour les bienheureux au Paradis, le verset 108 indique clairement une éternité dans le sens propre :


"C’est là un don qui n’est jamais interrompu."


Cette précision exclut toute idée de fin pour la vie paradisiaque, même après la disparition des cieux et de la terre. Le Paradis est décrit comme une demeure d’éternité absolue, sans interruption ni fin possible.


Ainsi, la compréhension du terme "Khalidin" (éternellement) pourrait avoir une signification figurée pour l'Enfer, liée à une durée d'existence déterminée des astres. Cela est d'autant plus pertinent qu'à l'échelle humaine, leur durée d'existence semble effectivement une éternité.


Note :

(1) C'est un rappel pour ceux (j'en faisais partie) qui ne sont pas informé du fait qu'il existe des avis qui divergent de celui de la majorité des savants musulmans. Pour l'avis majoritaire, on peut citer trois passages coraniques qui utilisent l'expression "Khalidina fiha abada" (خَالِدِينَ فِيهَا أَبَدًا) que Hamidullah traduit par "éternellement pour toujours"  (C.4 : 169 ; 33 :65 et 72 : 23).


(2) voir dans le site altafsir.com, dédié à l'exégèse coranique :

https://www.altafsir.com/Tafasir.asp?tMadhNo=0&tTafsirNo=1&tSoraNo=11&tAyahNo=107&tDisplay=yes&Page=3&Size=1&LanguageId=1





lundi 3 février 2025

Des nouvelles de mon ouvrage sur l'histoire de Moïse et des Hébreux

Je tiens à informer mes chers abonnés que j'ai publié mon ouvrage L’histoire de Moïse et des Hébreux : d’après les données coraniques et archéologiques, paru en mars 2023 chez KA' Éditions. Cet ouvrage, fondé sur une approche rigoureuse et scientifique, s'appuie entre autres sur de nombreux échanges avec des spécialistes, dont les analyses sont retranscrites dans le livre. Il a été salué par des universitaires de renom pour la qualité de son travail et de sa recherche et aussi par de nombreux lecteurs (tous à ce jour).

J'ai créé un site pour en donner des nouvelles (https://jaied-hocine.blogspot.com/). 

Abonnez-vous !



✔️ Avis de Monsieur Mezri Haddad, auteur de plusieurs ouvrages et ancien ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO, ex-assistant en philosophie du droit à Paris II-Assas, ex-chercheur au CNRS, fondateur du Centre international de géopolitique et de prospective analytique CIGPA.

« Pour des raisons idéologiques, ou politiques, ou confessionnelles pas toujours avouables, les hommes peuvent parfois mentir, ne serait-ce que par omission. Mais pas les pierres, à condition de savoir les faire parler, les lire et, surtout, les interpréter correctement. Le narratif biblique relatif aux Hébreux en général et à Moïse en particulier, résiste-t-il à l’épreuve – voire la preuve – de l’archéologie moderne ?

Tel est le défi que se propose de relever Hocine Jaïed. Défi d’autant plus vertigineux qu’il est “aggravé” par un pari encore plus audacieux : et si le récit coranique de Moïse et des Hébreux était plus compatible avec les découvertes archéologiques que le narratif biblique ? En d’autres termes, au sujet de Moïse et de son peuple, le Coran serait-il plus proche de la “vérité” historique et archéologique que la “vérité” révélée par la Bible ? Hocine Jaïed y répond sans la moindre tentation apologétique, ou syncrétiste, ou scientiste, ou encore manichéiste.

Par-delà les conclusions de l’auteur qu’on peut partager ou réfuter, je ne peux que saluer la rigueur scientifique de sa recherche, sa méthodologie comparatiste et son approche interdisciplinaire.

Se définissant lui-même comme autodidacte, Hocine Jaïed a le grand mérite d’inaugurer un domaine de recherche quasiment inexploité par certaines autorités savantes, qui sont bien trop cloîtrées dans leur spécialité propre pour ne pas soupçonner les bénéfices du comparatisme et de l’interdisciplinarité. En l’occurrence, les surprises et les découvertes troublantes qui peuvent jaillir d’un “choc” épistémologique entre exégèse coranique et données archéologiques. »


 

✔️ Avis de Tayeb Chouiref : écrivain et islamologue. 

« J’ai terminé la lecture de votre bel ouvrage : c’est un livre très riche qui apporte beaucoup d’éclairages sur un sujet rarement traité.

Je ne suis pas du tout spécialiste de ce sujet, mais j’ai beaucoup apprécié la qualité scientifique de votre ouvrage, notamment le fait que vous avez pris connaissance des travaux universitaires sur la question, non seulement en français, mais également en langue anglaise.

À la rigueur académique, vous avez su joindre la fidélité aux enseignements coraniques, ce qui est très rare aujourd’hui.

[…]

Encore une fois, soyez remercié pour l’envoi de votre ouvrage et pour la qualité de votre travail.


Cordialement,

Tayeb Chouiref. »


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samedi 30 mai 2020

Le sommeil (المنام), le voyage nocturne du prophète Muhammad et la "mort" de Jésus dans le Coran

Je vais aborder le thème de sommeil (المنام) dans le Coran en essayant de le définir à la lumière des versets. Ce qui nous amènera à nous interroger sur le voyage nocturne du prophète Muhammad (sws) pour finir par la question de la mort ou pas de Jésus.

D'abord sans m'étendre sur l'étymologie, je lis dans mon dictionnaire que le verbe tawafa توفى veut dire "recevoir/recueillir quelqu'un dans sa miséricorde (Dieu)".

Le Coran distingue deux états de tawafa (توفى), l'un conduit directement à la mort, tandis que l'autre se situe pendant le sommeil où certains meurt et d'autres non. À l'appui de notre propos, citons deux versets :

ٱللَّهُ يَتَوَفَّى ٱلأَنفُسَ حِينَ مَوْتِهَا وَٱلَّتِي لَمْ تَمُتْ فِي مَنَامِهَا فَيُمْسِكُ ٱلَّتِي قَضَىٰ عَلَيْهَا ٱلْمَوْتَ وَيُرْسِلُ ٱلأُخْرَىٰ إِلَىٰ أَجَلٍ مُّسَمًّى إِنَّ فِي ذَلِكَ لآيَاتٍ لِّقَوْمٍ يَتَفَكَّرُونَ 39:42

- 39:42. "Allah reçoit les âmes au moment de leur mort (يَتَوَفَّى ٱلأَنفُسَ حِينَ مَوْتِهَا) ainsi que celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil. Il retient celles à qui Il a décrété la mort, tandis qu'Il renvoie les autres jusqu'à un terme fixé. Il y a certainement là des preuves pour des gens qui réfléchissent."

وَهُوَ ٱلَّذِي يَتَوَفَّٰكُم بِٱلَّيلِ وَيَعْلَمُ مَا جَرَحْتُم بِٱلنَّهَارِ ثُمَّ يَبْعَثُكُمْ فِيهِ لِيُقْضَىٰ أَجَلٌ مُّسَمًّى ثُمَّ إِلَيْهِ مَرْجِعُكُمْ ثُمَّ يُنَبِّئُكُم بِمَا كُنتُمْ تَعْمَلُونَ 6:60

- 6:60. "Et, la nuit, c'est Lui qui reçoit vos âmes (يَتَوَفَّٰكُم), et Il sait ce que vous avez acquis pendant le jour. Puis Il vous ressuscite le jour afin que s'accomplisse le terme fixé. Ensuite, c'est vers Lui que sera votre retour, et Il vous informera de ce que vous faisiez."

Pour celui qui conduit directement à la mort sans sommeil, on trouve par exemple au Coran 2:234 (mais il y en a d'autres comme 2:240, 7:37) :

وَٱلَّذِينَ يُتَوَفَّوْنَ مِنكُمْ وَيَذَرُونَ أَزْوَاجاً يَتَرَبَّصْنَ بِأَنْفُسِهِنَّ أَرْبَعَةَ أَشْهُرٍ وَعَشْراً فَإِذَا بَلَغْنَ أَجَلَهُنَّ فَلاَ جُنَاحَ عَلَيْكُمْ فِيمَا فَعَلْنَ فِيۤ أَنْفُسِهِنَّ بِٱلْمَعْرُوفِ وَٱللَّهُ بِمَا تَعْمَلُونَ خَبِيرٌ 2:234

2:234. "Ceux des vôtres que la mort frappe et qui laissent des épouses: celles-ci doivent observer une période d'attente de quatre mois et dix jours. Passé ce délai, on ne vous reprochera pas la façon dont elles disposeront d'elles mêmes d'une manière convenable. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites."

Le voyage nocturne
Toujours dans le même thème du sommeil (المنام), voyons le voyage nocturne du Prophète de la Mosquée Al-Haram à la Mosquée Al-Aqsa.

سُبْحَانَ ٱلَّذِى أَسْرَىٰ بِعَبْدِهِ لَيْلاً مِّنَ ٱلْمَسْجِدِ ٱلْحَرَامِ إِلَىٰ ٱلْمَسْجِدِ ٱلأَقْصَا ٱلَّذِي بَارَكْنَا حَوْلَهُ لِنُرِيَهُ مِنْ آيَاتِنَآ إِنَّهُ هُوَ ٱلسَّمِيعُ ٱلبَصِيرُ 17:1

(17:1). "Gloire et Pureté à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur [Muhammad], de la Mosquée Al-Haram à la Mosquée Al-Aqsa dont Nous avons béni l'alentours, afin de lui faire voir certaines de Nos merveilles. C'est Lui, vraiment, qui est l'Audient, le Clairvoyant."

Je pense que le Prophète a reçu cette révélation coranique le lendemain du voyage nocturne et qu'il le récita à son peuple immédiatement, ce qui surpris et étonna autant les non musulmans que les musulmans. C'était une épreuve (فتنة) pour les non musulmans comme les musulmans puisque certains apostasièrent. On connaît la réponse d'Abu Bakr lorsque quelqu'un lui annonça le voyage du Prophète de la Mecque à Jérusalem en une nuit. Il répondit que si le Prophète l'avait dit, il le croirait puisque les musulmans croient en des informations venant du Ciel qui est pourtant plus lointain que la Mosquée Al-Aqsa.
Plus tard, Dieu fit descendre d'autres versets qui font suite au début de la sourate 17. On apprend et je suppose que les compagnons l'apprirent à ce moment là que le Prophète eut en faite une vision (ٱلرُّءْيَا) pendant cette nuit là et que c'était là en faite une épreuve de Dieu. Même si le mot sommeil n'est pas employé dans ce verset cela est implicite car que faisait le Prophète la nuit du voyage si ce n'est dormir ? :

وَإِذْ قُلْنَا لَكَ إِنَّ رَبَّكَ أَحَاطَ بِٱلنَّاسِ وَمَا جَعَلْنَا ٱلرُّءْيَا ٱلَّتِي أَرَيْنَاكَ إِلاَّ فِتْنَةً لِّلنَّاسِ وَٱلشَّجَرَةَ ٱلْمَلْعُونَةَ فِي ٱلقُرْآنِ وَنُخَوِّفُهُمْ فَمَا يَزِيدُهُمْ إِلاَّ طُغْيَاناً كَبِيراً17:60

17:60. "Et lorsque Nous te disions que ton Seigneur cerne tous les gens (par Sa puissance et Son savoir). Quant à la vision que Nous t'avons montrée (ٱلرُّءْيَا ٱلَّتِي أَرَيْنَاكَ), Nous ne l'avons faite que pour éprouver les gens, tout comme l'arbre maudit mentionné dans le Coran. Nous les menaçons; mais cela ne fait qu'augmenter leurs grande transgression."

Certains exégètes expliquent que le Prophète a réellement vu de ses yeux la Mosquée Al-Aqsa sachant que les savants sont partagés à ce sujet (Aïcha affirme que cette nuit là le corps du Prophète n'a pas bougé) :

عن ابن عباس في قوله { وَما جَعَلْنا الرُّؤْيا التي أرَيْناكَ إلاَّ فِتْنَةً للنَّاسِ } قال: هي رؤيا عين أريها رسول الله صلى الله عليه وسلم ليلة أُسري به، وليست برؤيا منام.

Pour appuyer l'avis que le Prophète reçut une vision pendant son sommeil lors du voyage nocturne, il y a le Coran 8:43 où il reçut une vision (الرؤيا) pendant son sommeil (المنام) annonçant la rencontre d'une armée ennemi nombreuse que les musulmans allaient affronter :

إِذْ يُرِيكَهُمُ ٱللَّهُ فِي مَنَامِكَ قَلِيلاً وَلَوْ أَرَاكَهُمْ كَثِيراً لَّفَشِلْتُمْ وَلَتَنَازَعْتُمْ فِي ٱلأَمْرِ وَلَكِنَّ ٱللَّهَ سَلَّمَ إِنَّهُ عَلِيمٌ بِذَاتِ ٱلصُّدُورِ 8:43

8:43. "Allah te les avait montrés pendant ton sommeil (يُرِيكَهُمُ ٱللَّهُ فِي مَنَامِكَ) peu nombreux! Car s'Il te les avait montrés nombreux, vous auriez certainement fléchi, et vous vous seriez certainement disputés à propos de l'affaire. Mais Allah vous en a préservés. Il connaît le contenu des coeurs."

Un autre exemple avec le Coran 37:102-105 à propos de la vision d'Abraham qui reçut une vision (ٱلرُّؤْيَآ) pendant son sommeil (المنام)

فَلَمَّا بَلَغَ مَعَهُ ٱلسَّعْيَ قَالَ يٰبُنَيَّ إِنِّيۤ أَرَىٰ فِي ٱلْمَنَامِ أَنِّي أَذْبَحُكَ فَٱنظُرْ مَاذَا تَرَىٰ قَالَ يٰأَبَتِ ٱفْعَلْ مَا تُؤمَرُ سَتَجِدُنِيۤ إِن شَآءَ ٱللَّهُ مِنَ ٱلصَّابِرِينَ 37:102
فَلَمَّا أَسْلَمَا وَتَلَّهُ لِلْجَبِينِ 37:103
وَنَادَيْنَاهُ أَن يٰإِبْرَاهِيمُ 37:104
قَدْ صَدَّقْتَ ٱلرُّؤْيَآ إِنَّا كَذَلِكَ نَجْزِي ٱلْمُحْسِنِينَ 37:105

37:102. "Puis quand celui-ci fut en âge de l'accompagner, [Abraham] dit: "Ô mon fils, je me vois en songe pendant mon sommeil (أَرَىٰ فِي ٱلْمَنَامِ) en train de t'immoler. Vois donc ce que tu en penses". (Ismaël) dit: "Ô mon cher père, fais ce qui t'es commandé: tu me trouveras, s'il plaît à Allah, du nombre des endurants".
103. "Puis quand tous deux se furent soumis (à l'ordre d'Allah) et qu'il l'eut jeté sur le front,
104. voilà que Nous l'appelâmes "Abraham!
105. Tu as confirmé la vision (ٱلرُّؤْيَآ). C'est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants".

Passons à Jésus. À la lecture du Coran 3:55 et de la définition coranique du mot tawafa (توفى) plus haut, on comprend qu'il est sois mort sois mis en sommeil (مُتَوَفِّيكَ) jusqu'à son reveil.

إِذْ قَالَ ٱللَّهُ يٰعِيسَىٰ إِنِّي مُتَوَفِّيكَ وَرَافِعُكَ إِلَيَّ وَمُطَهِّرُكَ مِنَ ٱلَّذِينَ كَفَرُواْ وَجَاعِلُ ٱلَّذِينَ ٱتَّبَعُوكَ فَوْقَ ٱلَّذِينَ كَفَرُواْ إِلَىٰ يَوْمِ ٱلْقِيَامَةِ ثُمَّ إِلَيَّ مَرْجِعُكُمْ فَأَحْكُمُ بَيْنَكُمْ فِيمَا كُنتُمْ فِيهِ تَخْتَلِفُونَ 3:55

3:55. "(Rappelle-toi) quand Allah dit: "Ô Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre t'élever vers Moi, te débarrasser de ceux qui n'ont pas cru et mettre jusqu'au Jour de la Résurrection, ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui ne croient pas. Puis, c'est vers Moi que sera votre retour, et Je jugerai, entre vous, ce sur quoi vous vous opposiez."

La réponse on l'a au Coran 4:159 puisque tous les gens du Livre croiront en lui avant sa mort. Or parmi les gens du Livre, nous avons les juifs qui ne croient toujours pas en Jésus. Ce qui indique que Jésus n'est pas mort comme certains l'affirment mais qu'il va revenir après son sommeil, Dieu l'ayant élevé à Lui.

بَل رَّفَعَهُ ٱللَّهُ إِلَيْهِ وَكَانَ ٱللَّهُ عَزِيزاً حَكِيماً 4:158
وَإِن مِّنْ أَهْلِ ٱلْكِتَابِ إِلاَّ لَيُؤْمِنَنَّ بِهِ قَبْلَ مَوْتِهِ وَيَوْمَ ٱلْقِيَامَةِ يَكُونُ عَلَيْهِمْ شَهِيداً 4:159

4:158. "mais Allah l'a élevé vers Lui. Et Allah est Puissant et Sage.
4:159. Il n'y aura personne, parmi les gens du Livre, qui n'aura pas foi en lui avant sa mort (موته). Et au Jour de la Résurrection, il sera témoin contre eux."

Ensuite, le verset suivant indique que pendant le tawafa (توفى) de Jésus, celui-ci n'est pas témoin de ce qui se passe sur terre ce qui semble appuyer qu'il est en état de sommeil (المنام) auprès de Dieu :

مَا قُلْتُ لَهُمْ إِلاَّ مَآ أَمَرْتَنِي بِهِ أَنِ ٱعْبُدُواْ ٱللَّهَ رَبِّي وَرَبَّكُمْ وَكُنتُ عَلَيْهِمْ شَهِيداً مَّا دُمْتُ فِيهِمْ فَلَمَّا تَوَفَّيْتَنِي كُنتَ أَنتَ الرَّقِيبَ عَلَيْهِمْ وَأَنتَ عَلَىٰ كُلِّ شَيْءٍ شَهِيدٌ 5:117

- 5:117. Je ne leur ai dit que ce Tu m'avais commandé, (à savoir): "Adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur". Et je fus témoin contre eux aussi longtemps que je fus parmi eux. Puis quand Tu m'as rappelé, c'est Toi qui fus leur observateur attentif. Et Tu es témoin de toute chose."



ordonner chronologiquement  de manière certaine 4 sourates

Une astuce simple parmi tant d'autres à découvrir pour ordonner chronologiquement 3 sourates mecquoises

1) la sourate 72, - Les djinns -
La sourate 72 mentionne des djinns qui ont écouté des versets coraniques, y ont cru et sont partis prêcher auprès des leurs. Mais quel est cette sourate qu'ils avaient entendu ?

La sourate 72, verset 3 nous rapporte ce que les djinns ont dit à leurs communautés : "notre Seigneur - que Sa grandeur soit exaltée - ne S'est donné ni compagne, ni enfant!".
On retrouve le seul autre passage dans tout le Coran qui donne ce genre d'indication, il s'agit du Coran 6:101, où Dieu dit "Comment aurait-Il un enfant, quand Il n'a pas de compagne ?".
Pour appuyer notre propos, nous avons aussi le passage 72:6 où les djinns ajoutent à leurs semblables : "il y avait parmi les humains, des mâles qui cherchaient protection auprès des mâles parmis les djinns mais cela ne fît qu'accroître leur détresse", passage qui fait référence aussi à la sourate 6, verset 100 où Dieu dit : "Et ils ont désigné des associés à Allah : les djinns, alors que c'est Lui qui les a créés." mais aussi le passage 6:128 : "Et le jour où Il les rassemblera tous: "Ô communauté des djinns, vous avez trop abusé des humains"...

Il est donc évident que la sourate 6 précède la sourate 72, on ne peut plus en douter. Toutefois, ni Al-Azhar, ni Blachère ou Nodelke n'ont vu cela dans leurs ordres chronologiques des sourates, ce qui est surprenant. Ils ont tous placés la sourate 6 après la sourate 72. Je me demande bien pour quelle raison.

2) la sourate 16, - Les abeilles -
Nous avons un autre passage coranique, Coran 16:123, où Dieu dit à Muhammad : "Puis Nous t'avons révélé: "Suis la religion d'Abraham qui était voué exclusivement à Allah et n'était point du nombre des associateurs".
Existe-t-il un passage coranique faisant mention de cet ordre venant de Dieu ? Nous en trouvons 3 passages où il est fait mention exactement ou presque des termes employés au Coran 16:123. Il s'agit du Coran 6:161, 3:95, et 2:135 mais lequel de ces 3 passages Dieu dans le Coran 16:123 fait-Il mention ?

• Le passage C.2:135 temoigne d'échanges avec des gens du Livre qui cherchaient à polemiquer avec Muhammad affirmant que seuls les Juifs et les Chrétiens étaient sur la bonne voie, ce en quoi Muhammad devait leur répondre : "Non, mais nous suivons la religion d'Abraham, le modèle même de la droiture et qui ne fut point parmi les Associateurs".
Le Coran 16:123 ne fait donc pas référence au Coran 2:135 car le Prophète disait à des gens du Livre qu'ils (les musulmans) suivaient déjà la religion d'Abraham. Le C.2:135 est même forcément postérieur au C:16:123. Or la sourate 2 est la première sourate medinoise dans l'ordre chronologique ce qui implique que la sourate 16 est mecquoise. Et effectivement elle est selon l'avis l'unanimité des savants mequoise.

• Le passage 3:95 est une injonction de Dieu au prophète Muhammad de dire aux gens du Livre "C'est Allah qui dit la vérité. Suivez donc la religion d'Abraham, Musulman droit. Et il n'était point des associateurs".
Ce verset ne s'adressait pas à Muhammad et ses compagnons mais aux gens du Livre. Il a donc fallu une verset qui s'adresse à Muhammad qui soit antérieur à celui-ci (3:95). De plus la sourate 3 est forcément medinoise vu que la sourate 2 est la première des sourates mecquoises, elle lui est donc postérieure (à la sourate 2). Et effectivement la sourate 3 est selon l'avis l'unanimité des savants médinoise.

• Reste le Coran 6:161 où le Prophète devait proclamer "Moi, mon Seigneur m'a guidé vers un chemin droit, une religion droite, la religion d'Abraham, le soumis exclusivement à Allah et qui n'était point parmi les associateurs.".
Ce verset qui s'adresse à Muhammad se situe après une présentation que Dieu donne d'Abraham à Muhammad et la quête de vérité qu'il mena avant de trouver Dieu. le verset 161 correspond donc en tous points avec le Coran 16:123.

La sourate 6 précède donc la sourate 16, toutes deux mecquoises. Al-Azhar fait précéder aussi la sourate 6 à la sourate 16, ce qui n'est pas le cas de Blachère et Nodelke.

Aussi l'on peut sans crainte de se tromper ordonner chronologiquement ces sourates (abstraction faite des sourates intermédiaires éventuelles) comme suit : 6, 16, 2, 3. De l'autre côté nous avons la sourate 6 puis plus tard la sourate 72 comme on l'a vu dans la première partie.

En prenant plus de risque on peut faire succéder la sourate 72 immédiatement après la sourate 6, sans sourate intermédiaire. En effet, les djinns ayant informé immédiatement les leurs après avoir écouté la sourate 6, il me paraît probable que Dieu annonce la bonne nouvelle de ces conversions sans attendre. Ce qui donnerait si l'on ne prenait que ces 5 sourates du Coran cet ordre chronologique : 6, 72, 16, 2, 3.

En conclusion, on a reussi à ordonner chronologiquement 3 sourates mecquoises et 2 médinoises entre elles sans grandes difficultés. Sachant que reconstituer l'ordre chronologique des sourates mecquoises est très difficile, les sourates s'attachant exclusivement ou presque à l'aspect de la croyance alors que le Prophète n'était pas encore à la tête d'un territoire.

Note:

Versets de la partie 1

وَأَنَّهُ تَعَالَىٰ جَدُّ رَبِّنَا مَا ٱتَّخَذَ صَاحِبَةً وَلاَ وَلَداً (72:3)

72:3. En vérité notre Seigneur - que Sa grandeur soit exaltée - ne S'est donné ni compagne, ni enfants !

بَدِيعُ ٱلسَّمَٰوَٰتِ وَٱلأَرْضِ أَنَّىٰ يَكُونُ لَهُ وَلَدٌ وَلَمْ تَكُنْ لَّهُ صَٰحِبَةٌ وَخَلَقَ كُلَّ شَيْءٍ وهُوَ بِكُلِّ شَيْءٍ عَلِيمٌ (6:101)

6:101. Créateur de cieux et de la terre. Comment aurait-Il un enfant, quand Il n'a pas de compagne? C'est Lui qui a tout créé, et Il est Omniscient.

6:100. Et ils ont désigné des associés à Allah: les djinns, alors que c'est Lui qui les a créés. Et ils Lui ont inventé, dans leur ignorance. des fils et des filles, Gloire à Lui! Il transcende tout ce qui lui attribuent.
6:128. Et le jour où Il les rassemblera tous: "Ô communauté des djinns, vous avez trop abusé des humains"...

72:6. Or, il y avait parmi les humains, des mâles qui cherchaient protection auprès des mâles parmis les djinns mais cela ne fît qu'accroître leur détresse.

Versets de la partie 2)

ثُمَّ أَوْحَيْنَآ إِلَيْكَ أَنِ ٱتَّبِعْ مِلَّةَ إِبْرَاهِيمَ حَنِيفاً وَمَا كَانَ مِنَ ٱلْمُشْرِكِينَ (16:123)

16:123. Puis Nous t'avons révélé: "Suis la religion d'Abraham qui était voué exclusivement à Allah et n'était point du nombre des associateurs".

قُلْ إِنَّنِي هَدَانِي رَبِّيۤ إِلَىٰ صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ دِيناً قِيَماً مِّلَّةَ إِبْرَاهِيمَ حَنِيفاً وَمَا كَانَ مِنَ ٱلْمُشْرِكِينَ (6:161)

6:161. Dis: "Moi, mon Seigneur m'a guidé vers un chemin droit, une religion droite, la religion d'Abraham, le soumis exclusivement à Allah et qui n'était point parmi les associateurs.

قُلْ صَدَقَ ٱللَّهُ فَٱتَّبِعُواْ مِلَّةَ إِبْرَاهِيمَ حَنِيفاً وَمَا كَانَ مِنَ ٱلْمُشْرِكِينَ (3:95)

3:95. Dis: "C'est Allah qui dit la vérité. Suivez donc la religion d'Abraham, Musulman droit. Et il n'était point des associateurs".

وَقَالُواْ كُونُواْ هُوداً أَوْ نَصَارَىٰ تَهْتَدُواْ قُلْ بَلْ مِلَّةَ إِبْرَاهِيمَ حَنِيفاً وَمَا كَانَ مِنَ ٱلْمُشْرِكِينَ (2:135)

2:135. Ils ont dit: "Soyez Juifs ou Chrétiens, vous serez donc sur la bonne voie". - Dis: "Non, mais nous suivons la religion d'Abraham, le modèle même de la droiture et qui ne fut point parmi les Associateurs".

mercredi 6 mai 2020

Distinction orthographique entre les jim (ج) et les ha/kha (خ/ح) dans les premiers manuscrits coraniques 

Dans un de ses articles (A Newly Discovered Letter of the Early Arabic Alphabet: A Distinction between Final Jīm and Final Ḥāʾ/Khāʾ and Its Nabataean Origins), Marijn Van Putten montre la présence de distinction orthographique entre le jim (ج) et ha/kha (خ/ح) dans six des premiers manuscrits coraniques, peut-être même un septième qui reste à confirmer quand il aura accès à plus de folios.
Il fait valoir que cette distinction est mieux comprise dans le cadre d'une transition nabatéeo-arabe puisque les nabatéens et araméens écrivaient le jim et le ha/(kha pour l'arabe) en des formes disctinctes (l'une incurvée et l'autre droite) comme ces 6-7 manuscrits coraniques.
Un seul des 5 copistes du codex Parisino-petropolitanus (qui ne fait pas partie des 6-7 manuscrits anciens) a respecté la distinction orthographique du jim et ha/kha.

Je me demande maintenant pourquoi Van Putten n'est pas allé jusqu'à émettre l'hypothèse que ces 6-7 manuscrits coraniques pourraient être plus anciens que ceux qui ne respectent pas la distinction entre le jim et le ha/kha ?

Article de MIDDLE EAST MEDIEVALISTS parmi tant d'autres articles sur le Coran (376 pages) en suivant ce lien pour consulter et télécharger :
https://www.middleeastmedievalists.com/al-usur-al-wusta/current-issue/